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Portrait de leader

Un futur médecin modèle

24 janvier 2008

Karine Bellerive

Fondamentalement humaniste, chaleureux, passionné, brillant et engagé, Louis-Philippe Hubert a décidément le profil du médecin modèle, celui que tous les Québécois rêvent de rencontrer en cas de besoin.

Le parcours de ce finissant en médecine est jalonné de multiples engagements académiques et sociaux. Son action à titre de président de la Fondation FORCE, depuis 2005, témoigne de ses convictions. «Ce type d'organisation est vital dans le milieu, affirme-t-il. Il faut être capable d'offrir les ressources adéquates aux étudiants, le coup de pouce qu'il leur faut parfois pour assurer leur réussite.»

Dans la même perspective, le jeune homme a rédigé un document traitant de la qualité de vie des étudiants en médecine, qui a donné lieu à l'adoption de quelques nouvelles mesures par la Faculté. «L'Université de Sherbrooke est avant-gardiste sur ce point, estime-t-il. Il y a des écarts de temps raisonnables entre les examens. Des rencontres ponctuelles sont organisées avec des experts en pédagogie, qui montrent aux étudiants comment étudier. L'objectif consiste à atteindre un certain équilibre entre la vie personnelle, la vie professionnelle et les études.» La réalisation de cette recherche a valu à Louis-Philippe Hubert d'être le seul étudiant à siéger au comité organisateur du premier Colloque provincial sur la santé des médecins, qui s'est tenu à Orford en octobre.

Fermement convaincu des avantages de l'interdisciplinarité, l'étudiant a par ailleurs fondé le Congrès d'information sur les médecines alternatives et complémentaires. Depuis 2005, l'événement réunit annuellement 200 à 300 participants, dont environ 80 % sont des étudiantes et étudiants. Ces derniers sont ainsi amenés à rencontrer des professionnels qui oeuvrent parallèlement à la médecine traditionnelle, tels que des massothérapeutes, des acupuncteurs et des chiropraticiens. «Ce sont deux mondes assez étanches, admet Louis-Philippe Hubert. Mais nos patients n'attendent pas qu'on s'intéresse aux médecines alternatives pour s'y intéresser eux-mêmes. A priori, on n'est ni pour ni contre. Notre objectif est de savoir comment ça fonctionne.»

Regards sur le monde

Louis-Philippe Hubert a coanimé avec Christelle Lison le spectacle multiculturel, une activité de financement pour la Fondation FORCE dont il est le président.
Louis-Philippe Hubert a coanimé avec Christelle Lison le spectacle multiculturel, une activité de financement pour la Fondation FORCE dont il est le président.
Photo : Morgan Tsihlis

Candidat à la spécialisation en chirurgie générale, Louis-Philippe Hubert souhaite également s'impliquer à l'échelle internationale d'ici quelques années. Il envisage entre autres de se porter volontaire pour Médecins sans frontières, une organisation internationale offrant une assistance médicale à des populations aux prises avec des catastrophes de tous genres, depuis plus de 35 ans. «Les deux tiers de l'humanité n'ont pas accès aux services de santé modernes tels qu'on les connaît en Occident, souligne-t-il. Quand on parle d'aider les gens… C'est fou ce que tu peux faire avec un scalpel dans certains endroits!»

Le futur médecin a par ailleurs joint les Forces canadiennes récemment. Il s'agit pour lui d'un autre type de pratique internationale, qui pourrait éventuellement lui permettre de participer à des missions de paix. Louis-Philippe Hubert est désormais sous-lieutenant, réserviste dans la 52e ambulance de campagne. «L'armée n'est pas une institution très populaire au Québec, mais je crois qu'elle peut apporter beaucoup de choses utiles sur le plan international, note-t-il. Comme il n'y a pas de tradition militaire dans ma famille, je veux surtout sonder le terrain.»

Nouvelle génération

Avant de bifurquer vers la médecine, Louis-Philippe Hubert a débuté un baccalauréat en biologie médicale à l'Université du Québec à Trois-Rivières. «Mes stages en recherche fondamentale sur le cancer m'ont énormément appris, mais il manquait l'aspect relationnel, qui est très important pour moi, explique-t-il. Je ne m'imaginais pas passer la majeure partie de mon temps avec des éprouvettes et de la paperasse, tout au long ma carrière.»

Cet intérêt pour les contacts humains se reflète dans sa vision de la médecine puisqu'il privilégie une approche axée sur la relation entre les médecins et leurs patients. Selon lui, la plupart de ses collègues partagent son point de vue. «C'est un cliché de penser que les médecins ne sont intéressés que par l'argent et les connaissances, clame-t-il. À part quelques exceptions, tous les étudiants en médecine ont le souci d'aider les gens et sont motivés à donner le meilleur d'eux-mêmes.» Il estime d'ailleurs que la pratique médicale s'inscrit actuellement dans un processus de transition culturelle. «La nouvelle génération a des valeurs différentes de celles des baby-boomers : on accorde plus d'importance à l'aspect humain et à notre vie personnelle. Ces facteurs, ainsi que l'entrée massive des filles dans les facultés de médecine, façonnent la pratique médicale.»

Confrontés au vieillissement de la population, les médecins seront appelés à relever plusieurs défis. Louis-Philippe Hubert affirme qu'ils devront demeurer à l'écoute des besoins de la population gériatrique, notamment : «Il faudra se questionner sur la pertinence d'administrer certains traitements. Faire un quadruple pontage à un patient cancéreux de 91 ans, en phase préterminale, n'est peut-être pas la meilleure façon de lui assurer une réelle qualité de vie!» Les questions de l'isolement des personnes âgées et des problèmes de santé chronique comptent également au nombre de ses préoccupations.

D'après lui, la technologie pourrait permettre d'optimiser le travail clinique des médecins. «Si l'informatique nous permettait de réaliser en 25 minutes ce que l'on fait en deux heures au crayon, on pourrait voir davantage de patients. Mais ce n'est pas une solution miracle», convient-il. Celui qui affirme être né avec un clavier dans les mains admet ainsi que cette transition risque d'être plus difficile pour les praticiens plus âgés.

Mal à l'aise avec l'étiquette de leader, Louis-Philippe Hubert est néanmoins de ceux qui peuvent tisser des ponts entre les générations – et entre les professions – en vue de l'atteinte d'un objectif commun : aider les autres. «Le médecin n'est pas au sommet de la pyramide. On est dans un système concentrique dans lequel le patient est au centre. Je crois qu'on doit l'aborder par le biais d'une approche globale de la personne», conclut-il.